12 mars 2014

Au Fil de l'histoire #2


La suite...Episode 2

MOYEN-ÂGE Du IXème au XIIème siècle

Le haut lieu de la broderie au Moyen-Âge reste Byzance. Son influence, grâce aux conquêtes arabes, s’étend dans toute l’Europe.
D’Italie en Espagne, les vêtements sacerdotaux sont brodés à partir de modèles d’origine persane par des brodeurs grecs (la chasuble de Sir Thomas Beckett brodée à Almeria en 1116), et en Sicile (le manteau du sacre du Saint Empire romain germanique datant de 1133-1134).
Manteau de couronnement de Roger II

En France, la « Tapisserie de Bayeux », confectionnée entre 1066 et 1083 (classée au patrimoine de l’Unesco), on suppose en Angleterre, est brodée sur des pièces de lin bis avec des fils de laine de neuf teintes naturelles. Elle mesure 68,30 mètres de long sur 50 centimètres de large et  retrace les faits relatifs à la conquête normande en 1066. Au total, 1 515 sujets variés fournissent une mine de renseignements sur le XIe siècle.

Entre le Xème et le XIIIème siècle, apparaissent les brodeuses de « loisir ». La châtelaine cultive l'art de la broderie et décore ses vêtements et ceux de son époux, de chevrons, de motifs géométriques et de fleurs. Elle utilise de nombreux points de broderie dont le point de croix. Elle reproduit les motifs des tapis que leurs époux ramènent de leurs croisades en Orient, mais aussi les armoiries que l’on brode partout : tapisseries, bannières.


Aux XII et XIIIème siècles, les motifs typiquement français sont le lys, les feuilles de vigne et les animaux fantastiques tels que la licorne ou le griffon. Les belles étoffes ramenées de croisade introduisent toujours plus de motifs orientaux, qui sont ensuite copiés et revisités par nos artisans.

 Le raffinement de cet art de l'ornementation du tissu atteint son apogée, et devient, fatalement, un art sacré en s'introduisant dans la sphère religieuse. Le vêtement lithurgique hérite, alors, de la magnificence orientale : fils d'or et d'argent, pierres précieuses, perles cousues.
Les motifs végétaux connaissent leur heure de gloire au XIIIème siècle. C'est l'époque des lys, du lierre, des roses, des fleurs, des bourgeons... Certains de ces motifs floraux évolueront peu jusqu'aux marquoirs modernes, qui se font ainsi les héritiers directs d'un art médiéval donc il ne subsiste que de rares témoignages.  




La RENAISSANCE et la naissance du point de croix

Le marquage du linge, qui existait déjà depuis le VIIIème siècle, était réservée aux familles nobles dotées : linge, mobilier et tentures ; tout était marqué.  Avec la Renaissance, cette pratique s’étend dans les milieux modestes avec la constitution du trousseau de la jeune fille.

C’est là que commence la véritable histoire du point de croix qui devient populaire dans toute l'Europe. Toutes les jeunes filles de bonne famille apprennent d’abord à broder afin de marquer le linge de maison du monogramme familial : c'est de ce terme, "marquer" le linge, que dérive le "point de marque", l'ancien nom du point de croix, ainsi que le terme "marquoir" qui désigne le sampler.
Le marquoir ou le sampler apparaît à cette même époque. Il permet aux jeunes filles de s'exercer tout en se constituant une bibliothèque de motifs variés qui s’accumulent pour former de véritables encyclopédies que l’on consulte pour trouver le motif le plus adapté au travail du moment.  Le marquoir reste dans le patrimoine familial, et se transmet de génération en génération. Le plus souvent en lin, ils sont brodés avec des fils de soie ou de laine, ton sur ton. Le coton est encore très rare en Europe et les couleurs très peu nombreuses. Les dessins sont disposés au hasard et les samplers n’ont pas encore cet aspect de tableau qu’ils auront par la suite (motifs quakers).

Du rouge de la garance au Rouge du Rhin

Au XVIIème siècle, a lieu ce que l'on appelle la "Révolution rouge".
 C'est à cette époque que les brodeuses prennent l'habitude de broder en rouge sur une toile blanche, jouant sur le contraste après des siècles de broderies plutôt « ton sur ton ».  Il fut dès lors très apprécié dans le marquage du linge car résistant aux lavages multiples.
Le rouge était extrait de la garance, plante à racines vivaces et à tige annuelle, de la famille des rubiacées, dont les racines contiennent des colorants solubles dans l’eau. Très réputée depuis l’Antiquité, sa culture était alors répandue dans tous les pays d’Europe.

Puis, à base de teinture chimique, importée du continent américain, c’est le rouge Andrinople, des étoffes de cette ville turque, que l’on retrouve comme couleur unique dans la grande majorité des marquoirs réalisés sur canevas au XIXème siècle et au début du XXème. 

Il était utilisé, en Alsace, par les teinturiers qui déversaient dans le Rhin leurs eaux de rinçage chargées de colorant rouge et finissaient ainsi par teinter le fleuve lui-même. De là vient l’appellation « Rouge du Rhin » qui figurait sur les étiquettes des pelotes de fil mercerisé DMC, sous la référence 321, toujours d’actualité.
Un bel article chez Ouvrages de DAMES


...à suivre...

Cet exposé a pu être réalisé grâce aux éléments trouvés sur le Net. Notamment ceux de :


 Si vous copiez des éléments de cet article, merci de préciser, comme je le fais ici, les sources indiquées ci-dessus. Lucie.
art couture,fil,laine

14 commentaires:

  1. Superbe article, merci,merci.

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  2. brunet jeannine13 mars 2014 à 08:28

    Merci ,très beau et instructif à la fois ,merci mille fois.

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    1. C'est mieux quand c'est Lucie qui nous raconte en direct, mais c'est bien pour celles qui sont absentes...

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  3. Quel plaisir de te lire, je me coucherai moins bête ce soir grâce à toi. Merci de ces recherches pour les partager avec nous.

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    1. C'est Lucie qui a cherché et écrit, je ne suis que le porte plume sur le blog...

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  4. Très intéressant merci !

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    1. Merci pour Lucie, qui nous rappelle cette belle histoire...

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  5. Merci de retracer pour nous l'histoire de la broderie!

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  6. Bonjour
    Merci pour la suite très instructive de cette histoire de fil.Bon courage pour la suite et à bientôt de vous lire.Bises.Bien amicalement.

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  7. C'est bien dommage d'avoir programmé cela pendant les vacances scolaires... me voilà bien frustrée de ne pas avoir pu être là...!

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    1. Chère Rose, si tu étais là pour la première partie, tu étais là pour la deuxième ( celle-ci) et le troisième aussi ( à paraître)...puisque Lucie a fait TOUT son exposé le même jour. :)
      Je programme sur le blog en plusieurs épisodes le , pour que ce soit plus agréable.

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